Mathias Barralon

La ferme des Soins ne se trouve pas proche d'une sortie d'autoroute. Que vous veniez de Valence, Privas ou St Etienne (ou même de Rome), il vous faudra atteindre la bourgade de Désaignes, longer le terrain de foot et emprunter une route peu viabilisée en espérant ne pas croiser un gros SUV (pour les camions, ça ne passe pas). Et n'escomptez-pas le moindre panneau indicateur de la présence d'un domaine viticole. La cave aménagée par Mathias est attenante à la bergerie familiale (ses parents élèvent des brebis de race rouge du Roussillon, si, si). Rien ne présageait d'un itinéraire professionnel paysan pour un garçon qui fut tour à tour charpentier puis régisseur de salle de spectacle, et accordéoniste professionnel. C'est au cours d'un stage de sculpture sur bois, il y a déjà vingt ans, qu'un confrère accordéoniste jurassien entraine Mathias sur un salon de vignerons "nature". Après le choc de la découverte de vins différents, il lui faudra quinze années de maturation (agrémentées de difficultés pour obtenir des droits de plantation) pour que les 1.2 ha des Soins soient plantés en Pinot Noir et Gamay en 2018. 0.6 ha de Gamay, 0.3 de Pinot et 0.4 de Chenin viennent compléter le parcellaire sur un autre secteur en 2021 et 2022.
Les vignes sont en terrasses à plus de 450 m d'altitude et les raisins se caractérisent par leur belle fraîcheur, équilibrée par une juste maturité. Après une première petite récolte 2021, 2022 propose un volume plus important mais cela reste très relatif : nous pourrions presque qualifier cette viticulture de "vivrière" tellement la production est faible. Et la catastrophique récolte 2023, fortement impactée par le mildiou, ne va rien arranger. Mathias est un pur (pas d'intrants, pas de cuivre entre autres) mais il se pose des questions sur sa capacité à continuer seul ce travail exigeant (il a choisi de greffer en place des sélections massales, il conduit les vignes en échalas, la gestion de l'herbe n'est pas simple). Il aimerait bien embaucher mais n'en a pas les moyens. Alors, augmenter les tarifs ? Il a du mal à s'y résoudre, sa philosophie lui enjoint de garder des prix raisonnables. Nous avons à coeur de soutenir ce vigneron attachant et nous souhaitons ardemment que sa récolte 2024 lui permette de résoudre La quadrature du cercle rendement-prix.