Gazette

Trop, c'est trop...

Quel paradoxe ! Alors que nous peinons à obtenir les allocations souhaitées chez nombre de nos vignerons, alors que l'inflation sur les bonnes bouteilles se montre "confortable", Bernard Farges, président du Comité National des Interprofessions des Vins, lance un pavé dans la cuve en évaluant à 100000 ha la superficie de vigne à arracher pour assainir le marché, saturé par les invendus. Ca ne fait pas loin de 15% du vignoble français, et nombre de vignerons n'ont de choix qu'entre misère et/ou faillite...Décidemment, le marché du vin ne roulera plus jamais à deux vitesses, séparées en vin de consommation courante en première et vin de loisir en seconde. De consommation courante, il n'y a quasiment plus, et les "petits Bordeaux", "petits Côtes du Rhône", "petits Languedoc" de négoce ne trouvent plus de public. Tout petits vins à petits prix, votre heure a sonné et la bière est en train de vous porter le coup de grâce. A l'extrême du marché, les icônes, vins rares, spéculatifs, dévolus aux amateurs (hum) aisés qui peuvent dépenser un  à plusieurs SMIC pour une bouteille. Entre les deux toute une gamme de vins aux personnalités et tarifs très divers. Ceux que nous aimons sont issus d'une viticulture responsable et durable, représentatifs d'un réel engagement des producteurs à offrir des vins sains et porteurs de plaisir. Ils ne sont pas bradés (la vigneronne et le vigneron doivent vivre de leur travail et investir pour tenter de pallier le risque climatique) mais ils ne nécessitent pas forcément d'hypothéquer sa maison pour remplir sa cave. Un énième plan d'arrachage va-t-il résoudre une crise là où leurs prédécesseurs ont échoué ? (depuis la "saignée" languedocienne d'il y a trente ans, jusqu'au dispositif de la fin de la décennie deux mille). Rêvons d'une viticulture de petites unités, en phase avec l'environnement, soucieuse de son empreinte écologique et pourvoyeuse de vins de partage, pour le week-end, la fête ou le tête à tête.

Retour