Gazette

Parce qu'ils le valent bien

Bourgogne/Champagne : parce qu'ils le valent bien !
Peut-on encore s'offrir des grands crus bourguignons ou des champagnes d'exception (exceptionnels au moins sur le papier glacé des revues) sans vendre sa voiture, hypothéquer sa maison et renoncer aux études des enfants ? Comment justifier une inflation annuelle de 20 à 25% ? Les conditions climatiques et l'augmentation des coûts ont bon dos, toutes les régions étant concernées par les durs aléas de la décennie passée et la flambée des prix des matières sèches et de la main d'oeuvre. Et si tous les vignerons de France et au delà sont tenus d'augmenter, bourguignons et champenois sont les champions toutes catégories. Et de se plaindre en privé de l'explosion du prix du foncier et de l'impossibilité de régler les successions...Cercle infernal et vicieux du prix de la bouteille qui fait grimper l'are de vigne au prix du mètre carré d'un appartement du 16ème arrondissement ! Bonne aubaine pour les grandes fortunes qui raflent les parcelles et domaines historiques, convaincues qu'elles sont que les arbres monteront jusqu'au ciel et protégées par l'optimisation fiscale. Il est vrai que la demande est mondiale, l'offre minuscule (en tout cas en Bourgogne, pour la Champagne, les cuvées de "prestige" se comptent parfois en dizaines, centaines de milliers, voir millions de bouteilles), que les riches sont de plus en plus riches et ne rechignent pas à nourrir les spéculateurs qui coefficientent à 3, 5, 10 sur les vins les plus rares. Alors, faire son deuil du Pinot Noir et du Chardonnay issus d'appellations plus que millénaires ?

Oui, parce que la Bourgogne n'offre plus de grands ou premiers crus de domaines prestigieux à prix abordable. Non parce qu'on peut se régaler d'appellations génériques ou régionales à des prix somme toute acceptables (tout est relatif) chez des vignerons (onnes) qui soignent tout autant leur simple Bourgogne que leurs grandes appellations : citons pêle-mêle les vins de Chisa Bise, Raphaëlle Guyot, Pierre Henri Rougeot pour nos plus récents coups de coeur. Et il n'est pas inutile de rappeler que d'excellents Pinot Noir et Chardonnay jurassiens se trouvent à moins de 20 € (Marie Pierre Chevassu), que l'Alsace ne cesse de progresser en rouge (remarquables Pinots des 3 Terres et de Laurent Barth), et que l'Auvergne est à l'aube d'une notoriété méritée (Pinot Noir et Gamay/Pinot du domaine des Trouillères). Pour la Champagne, les miracles n'existent pas ! Mais quitte à dépenser 40, 50 € et plus, piochez dans cette jeune génération de vignerons, souvent amis et complices de recherches, qui donne priorité à l'agro-écologie, au travail de la vigne, à l'élaboration de vrais vins de base qui deviendront de beaux champagnes non maquillés de soufre et de sucre. Sébastien Mouzon, Flavien Nowak, Antoine Bouvet, Cédric Bouchard, Bourgeois-Diaz, Thomas Perseval...ne cessent de nous émerveiller par leur rigueur, la précision et la profondeur de leurs vins. Il faut simplement accepter que leur faible production nous prive de leurs flacons une partie de l'année.

Retour