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Cépages de Bouquet

Décédé en 2009, Alain Bouquet, chercheur à l'INRA de Montpellier, avait développé dès le début des années soixante-dix, un programme de croisements de vigne de l'espèce Vitis Rotundifalia avec les Vitis Vinifera (nos vignes de raisins de cuve) pour récupérer leurs gènes de résistance au mildiou et à l'oïdium. Si l'hybridation n'est pas une idée nouvelle en viticulture, force est de reconnaître la piètre qualité des vins produits par les hybrides d'antan  (Clinton, Noah, Isabelle et autres). Après vingt cinq ans d'efforts, Bouquet était parvenu à "conserver" les gènes de résistance de Rotundifolia. En 2000, l'INRA de Colmar engage un programme de création variétale à partir des variétés “Bouquet” et de Vitis américaine et asiatique, dans le but de tester et de renforcer la durabilité des résistances. Et en février 2023 l'INRAE (l'institut a gagné le E d'environnement), signe une lettre d'intention avec les interprofessions viticoles d'Occitanie pour le développement des variétés résistantes. Il s'agit de continuer à expérimenter à compter de 2025 et à plus grande échelle, neuf nouvelles variétés (4 sont déjà disponibles) . Pourquoi tout ce temps et pourquoi autant de réticences dans le camp des chercheurs alors que la profession a hâte de disposer de variétés qui réduiraient fortement le recours aux fongicides à l'heure ou le consommateur regarde d'un oeil toujours plus inquiet l'usage des pesticides ? Pourquoi tout ce temps, et pourquoi autant de réticences dans le camp des chercheurs alors que la profession a hâte de disposer de variétés qui réduiraient fortement le recours aux fongicides à l'heure ou le consommateur regarde d'un oeil toujours plus inquiet l'usage des pesticides ? Hé bien, la réponse tient à la fois dans la durée de mise en oeuvre des programmes d'hybridation sur plusieurs générations (rappelons qu'il ne s'agit pas d'OGM mais de croisement interspécifiques qui nécessitent au bas mot quinze ans de tests) et dans l'extrême prudence des chercheurs qui craignent de mettre en marché des variétés qui "perdraient leurs résistances" au fil du temps. D'autres pays, tel l'Allemagne ont moins de réticences et ces variétés occupent d'ores et déjà plus de 3% du vignoble. Quoiqu'il en soit, la résistance aux champignons et autres maladies de la vigne n'est pas le défi le plus difficile à aborder pour ce siècle. C'est l'adaptation à la sécheresse qui sera l'élément déterminant pour la viticulture de demain et là, il faudra faire appel à des variétés de Viniféra existantes plus au sud : par exemple assyrtiko et agiorgitiko grecs, morrastel et alvarinho espagnols, nero d’avola et montepulciano italiens. Qui n'offrent pas forcément de résistance aux maladies !!! Les cépages qui résistent à toutes les conditions et agressions tout en permettant de produire de bons vins risquent de rester encore un certain temps à l'état d'utopie...

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