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Arracher ou distiller ?

Arracher ou distiller ?
Des cours du vrac au plus bas, des cuves pleines, trop de vins dont personne ne veut. Vins de Bordeaux en premier lieu mais aussi des Côtes du Rhône et du Languedoc. Le ministre de l'agriculture propose une enveloppe de 160 millions d'€ pour cette nouvelle distillation de crise (la précédente date de 2020 pour 211 millions) alors que les organisations professionnelles n'entendent pas transiger à moins de 200 millions pour faire disparaître 3 millions d'hectolitres (et comptent pour celà sur une aide supplémentaire de 40 millions du fonds européen). Nous voilà repartis pour un tour (infernal) et il est à craindre qu'en l'absence d'arrachage massif, la situation soit identique dans un an si la récolte 2023 est normalement abondante. Quel paradoxe pour un caviste qui négocie sans arrêt (et trop souvent sans succès) des "rallonges" d'allocation auprès de vignerons...qui manquent de vin et choisissent leurs distributeurs avec pour corollaire une répartition "millimétrée" de leur production. Le monde du vin ne fonctionne pas à deux vitesses mais à vitesses multiples : personne ne veut plus consommer les mauvais vins à vil prix et peu nombreux sont ceux qui peuvent suivre la folle inflation bourguignonne, champenoise et plus généralement de toutes les cuvées spéculatives encensées sur la grande toile. L'explosion de certains tarifs nous fait parfois douter de l'avenir de notre métier; puis nous nous rassurons en constatant qu'il reste encore des bouteilles au juste prix. A chacun (e) de se fixer un plafond de budget, à nous d'essayer encore et toujours de vous trouver le flacon idoine.

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