FAMILLE VAILLE

LA GRANGE DES PERES

PAYSANS VERITABLES

Visage émacié, teint buriné, mince de taille et mesurant ses paroles : Laurent passerait facilement pour un ascète, une sorte d'ermite...
Mais la lumière qui danse au fond de sa rétine, l'humour qui émaille ses déclarations, sa passion pour la bonne chère et les grands vins démentent cette première impression.
Ah le mythe Vaillé ! Le vigneron qui ne reçoit pas, n'a rien à vendre, la diva dont les vins spéculatifs s'échangent sous le manteau, le protégé de Chave, Coche Dury et Durbach...Et oui, Laurent, l'étudiant en kiné qui s'était fourvoyé, a eu pour maîtres de grands vignerons lorsqu'il a décidé de revenir à "sa terre". Chez eux, il a travaillé dur pour apprendre les gestes, la patience, la soumission aux éléments. Chez eux, il a acquis cette obsession du moindre détail qu'exige l'élaboration d'un grand vin. Et ça n'était pas du "tout cuit" que de prétendre vinifier un grand vin à Aniane, même avec un illustre voisin et après une telle école d'excellence.
La légende bâtie autour de la Grange des Pères peut parfois ternir l'image d'un fabuleux travail de tous les instants, accompli par ce clan indissociable de deux frères et de leurs parents. Non, les Vaillé ne "jouent pas les stars", ne peaufinent pas une attitude marketing pour organiser la pénurie. Ils sont avant tout des Paysans, au sens noble du terme, soucieux de préserver leur temps pour travailler. Ils ont choisi de faire confiance à leurs distributeurs et ne sont pas organisés pour recevoir et vendre au domaine : c'est comme ça, et ça n'a rien de méprisant pour l'amateur. Le temps et l'énergie sont entièrement consacrés à la vigne et au vin.
Et quelles vignes ! Créees de leurs mains sur une incroyable défriche de garrigue à la pente très prononcée (Cabernet Sauvignon, Syrah et Roussanne du Tourtou) ou plantées sur un amas de galets (Mourvèdre et Counoise des Brousses), ces parcelles forcent l'admiration. Les gobelets sont conduits si bas qu'il faut les tailler à genoux, le palissage, très haut est construit pour durer une génération, et tous les détails de la conduite révèlent des soins "maniaques". Tout se joue à la vigne aime-t-on à répéter ! Certes, mais encore faut-il y mettre des moyens...En plus de sa grande capacité de travail (de sa faculté à rester concentré sur le travail essentiel), le clan Vaillé n'hésite pas à embaucher des équipes conséquentes. Oh pas pour la taille, toujours effectuée par leurs mains expertes, mais pour tous les travaux en vert, avec jusqu'à 15 personnes dans les vignes pour palisser, éclaircir ou effeuiller. Et gare à qui ne respecte pas les consignes : personne n'est livré à lui même, il y a toujours un, deux ou trois Vaillé pour donner l'exemple, la cadence, et contrôler le travail.

Depuis 1992, premier millésime, coup d'essai et coup de maître (Ah la belle fraîcheur, l'extrême finesse de ce subtil vin de velours et de dentelle) nous n'avons jamais vu de relâchement dans le travail, jamais de dérogation à la quête de l'excellence...
La véritable révolution culturelle initiée par Laurent à la fin des années quatre vingt a bouleversé la vie de sa famille : d'un père vigneron coopérateur et céréalier, d'un frère entrepreneur de travaux agricoles, hommes durs à la tâche et peu prédisposés à rêver, il a su faire d'ardents alliés dans sa quête du grand vin.

Ils sont aujourd'hui les premiers défenseurs et les meilleurs gardiens de son utopie devenue réalité.