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Histoires d'eau

HISTOIRES D'EAU
L'excellent site "Vitisphère", précieuse source d'information et de réflexion sur le monde viti-vinicole, relayait ce 16 juillet la décision du bureau interprofessionnel du Cognac : s'il s'avère indispensable d'irriguer les vignes au vu de la succession des périodes de sécheresse, l'eau ne pourra en aucun cas être pompée dans la nappe phréatique. Il faudra trouver des sources d'approvisionnement "qui n'entrent pas en concurrence avec les besoins vitaux des populations". Que voilà une saine réflexion, au moment où des voix plus ou moins officielles réclament l'autorisation d'irriguer la vigne pour palier les violents épisodes de stress hydrique à répétition.
Et dire que ce sont les Charentais, taxés d'une proverbiale lenteur (la cagouille est leur emblème) qui prennent les devants pour reconnaître que les raisins de cuve ne sont pas un bien de première nécessité et que les vignerons ne sauraient accentuer le risque d'une future pénurie en eau potable. Et le communiqué d'évoquer la récupération des eaux de pluies, des eaux de distillation (bon, ça ne concerne que les vignobles à eau de vie), le traitement des eaux usées et le recours à des cépages résistants à la sécheresse. Il faut saluer une interprofession qui anticipe une potentielle guerre de l'eau. La vigne a besoin d'eau pour mener a bien son cycle végétatif et la maturation de ses fruits et il n'est que de regarder la situation en ce 25 juillet 2022, en Languedoc comme dans beaucoup de régions, pour constater qu'elle souffre de la sécheresse et peine à fair vérer ses raisins. Mais irriguer avec de l'eau "vertueuse" ne sera ni possible, ni souhaitable partout. La piste la plus intéressante réside à coup sûr dans le renouvellement du vignoble avec des cépages résistants à la sécheresse et des modes de conduite adaptés (en particulier une importante réduction de la surface foliaire). Et de nombreux vignerons du sud lorgnent sur (et plantent à titre d'essai) du Nero d'Avola sicilien, de l'Assyrtiko grec, de l'Alvarinho espagnol ou d'anciens languedocien comme les Rivairenc, Morrastel, Piquepoul Noir...Il va falloir du temps pour valider leur intérêt tant agronomique qu'organoleptique, mais il semble acquis que le trio Syrah-Grenache-Mourvèdre, roi des assemblages des rouges A.O.P. du Languedoc-Roussillon, verra son hégémonie remise en question.

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